Évolution des soins de longue durée
Les centres de SLD fournissent des soins et des services aux adultes qui ont des problèmes de santé importants ou qui sont atteints de démence et qui doivent avoir accès à des soins infirmiers et à de la supervision, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Au cours des dernières années, les SLD ont fait l’objet de profonds changements. En Ontario, les adultes qui ont besoin de SLD sont fragiles et nécessitent plus de soins médicaux et personnels que jamais auparavant. Aujourd’hui, plus de 90 % des résidents en SLD souffrent de deux maladies chroniques ou plus et les deux tiers sont atteints de démence. Au cours des cinq dernières années, on a observé une augmentation marquée de la complexité des problèmes de santé et de la fragilité des résidents en SLD. Par exemple, entre 2012 et 2017, le nombre de résidents qui ont considérablement besoin d’aide pour réaliser leurs activités de la vie quotidienne est passé de 77 % à 85 % (Ontario Long-Term Care Association, 2018).
En Ontario, le temps d’attente médian pour une place dans un foyer de SLD en 2016-2017 était de 149 jours pour les résidents en attente à domicile et de 92 jours pour les résidents en attente dans un hôpital (Qualité des services de santé Ontario, 2018). Ces temps d’attente ne feront qu’augmenter à mesure que les adultes continueront de vieillir et d’avoir besoin de SLD. À mesure que les besoins de soins des nouveaux résidents en SLD augmenteront, la charge de travail des équipes de SLD, en particulier celle des PSSP, aussi appelés préposés aux bénéficiaires ou aide-soignants, augmentera également.
Les PSSP offrent des soins de soutien à la personne à tous les stades de sa vie, notamment aux clients atteints de déficience cognitive, de handicap physique et de problèmes de santé mentale, et les aident à accomplir leurs activités de la vie quotidienne.
Pour en savoir plus, consultez le Cahier des normes pour le programme : Préposé aux services de soutien personnels (Ministère de la Formation et des Collèges et Universités, 2014).
Les PSSP représentent 72,3 % du personnel soignant et de soutien en SLD (Ontario Long-Term Care Association, 2014). Les PSSP font partie intégrante de l’équipe de SLD du fait qu’ils aident les résidents à effectuer leurs activités de la vie quotidienne, leur apportent réconfort et occasion de socialiser, signalent les changements des besoins à satisfaire et agissent comme intermédiaire avec leurs amis et leur famille. Le nombre de PSSP est à la hausse et leur rôle gagne en importance dans le domaine des SLD.
« Ils [les PSP] contribuent à la qualité de vie des personnes qui vivent dans des établissements et à domicile en favorisant leur autonomie, leur dignité, leur bien-être social, affectif et physique, leur mobilité, leur apparence personnelle, leur confort et leur sécurité. » — Ontario Community Support Association, 2009, p. 2
Recrutement et maintien en poste des PSSP en soins de longue durée
Les PSSP en SLD jouent certes un rôle crucial, mais ils ne sont pas assez nombreux pour combler les besoins de ce type de clientèle ou ne sont pas motivés à travailler dans ce domaine de spécialité. Plusieurs facteurs contribuent aux incertitudes croissantes au sujet de la main-d’œuvre future et de la capacité d’avoir suffisamment de PSSP pour répondre aux besoins en matière de soins :
- Taille de l’effectif par rapport à la taille croissante de la population d’adultes âgés. On constate une diminution du nombre d’adultes en âge de travailler pour venir en aide aux aînés. En 1971, on comptait 6,6 travailleurs par aîné. En 2012, ce nombre est tombé à 4,2 et on prévoit qu’il chutera à 2,2 en 2036 (Statistique Canada). En raison de cette pénurie générale de main-d’œuvre, les foyers de SLD se livreront une lutte plus serrée pour s’attirer le titre d’employeur de choix en soins de santé et espérer recruter suffisamment de personnel compétent.
- Attrait professionnel. Les diplômés en soins de santé ne perçoivent pas toujours les SLD comme un milieu de travail attrayant ni comme un cheminement de carrière privilégié. Ces préjugés s’expliquent par diverses raisons, notamment par l’âgisme, les stéréotypes liés aux foyers de SLD, la mauvaise compréhension de ce que sont les foyers de SLD et le peu d’expositions à ce milieu (Happell, 1999), la faible rémunération en comparaison avec d’autres établissements et le peu de modèles et de figures dominantes qui font la promotion des SLD comme un choix professionnel intéressant (Levett-Jones, Lathlean, McMillan and Higgins, 2007). Il est important d’avoir de nouveaux diplômés qui comprennent bien le contexte des SLD, car le fait d’y être exposé peut grandement améliorer et changer la perception des diplômés qui choisissent de travailler en SLD.
- Concurrence pour les PSSP dans tous les secteurs des soins de santé. Les récentes augmentations du financement gouvernemental pour les soins communautaires et les nouvelles pratiques d’embauche des PSSP dans les établissements de soins de courte durée se traduisent par une plus forte concurrence et une réduction du bassin de PSSP pour travailler en SLD.
- Rétention des PSSP en milieu de travail. En Ontario, il y aurait 90 000 PSSP qui travaillent dans le domaine des soins de santé. De ce nombre, 57 000 travaillent dans des foyers de SLD, 26 000 en soins à domicile et 7 000 dans des hôpitaux (Ontario, 2011). De plus, l’Ontario forme environ 7 000 étudiants PSSP par année et pourtant, environ 9 000 PSSP sont perdus par attrition chaque année (Personal Support Network of Ontario, 2009).
De toute évidence, il y a d’importants défis à relever en matière de formation, de recrutement et de maintien en poste des PSSP afin de répondre aux besoins futurs en main-d’œuvre en SLD. Il y a donc lieu d’agir.
« Il est essentiel de changer la façon dont nous formons les fournisseurs de soins de santé pour changer le système et faire en sorte qu’ils aient les connaissances et les compétences nécessaires pour travailler efficacement au sein d’équipes multidisciplinaires au sein du système des soins de santé en évolution. » — Carstairs et Keon, 2009, p. 148
Défis de l’éducation postsecondaire pour la formation des PSSP
Les collèges communautaires, les programmes d’éducation permanente et les collèges privés d’enseignement professionnel offrent tous des programmes de PSSP. Il y a trois obstacles à surmonter pour qu’il y ait suffisamment de préposés possédant les capacités nécessaires pour répondre aux exigences du système :
- Inscription dans les établissements postsecondaires : En raison des changements touchant la population étudiante, le nombre de diplômés du secondaire diminue. De ce fait, il y a moins de candidats potentiels qui s’inscrivent à des programmes d’études postsecondaires. Parallèlement, un nombre croissant d’adultes, notamment des PSSP, retournent aux études pour se perfectionner. Dans les deux cas, les établissements postsecondaires doivent déployer de nouveaux efforts pour joindre les candidats potentiels et les attirer vers des carrières, comme celle de PSST. Si le nombre d’étudiants n’augmente pas, il sera impossible d’augmenter le nombre de PSSP diplômés.
- Normes provinciales : Par le passé, la durée des programmes variait d’un établissement à l’autre et la compétence des diplômés n’était pas constante. Depuis septembre 2015, tous les établissements offrant une formation de PSSP sont tenus d’offrir des programmes qui répondent à la nouvelle norme provinciale.
- Qualité des diplômés : Malgré le fait que tous les programmes depuis septembre 2015 doivent respecter les normes provinciales et atteindre les résultats prescrits, on observe toujours des approches et des expériences fluctuantes dans la prestation des services et la qualité des stages dans les foyers de SLD.
Ces préoccupations justifient les impératifs en matière d’innovation dans tout le système pour arriver à former des personnes susceptibles d’enrichir sans cesse les SLD et l’importance d’établir des liens de collaboration entre les foyers de SLD et les établissements postsecondaires.
Harmonisation de la préparation des PSSP et des réalités en SLD
Il n’est pas aisé de tracer un parallèle entre ce que les étudiants apprennent durant leur formation de PSSP et la façon dont les PSSP travaillent réellement dans les établissements de SLD. Les écarts peuvent être attribuables au fait que les établissements postsecondaires ne sont pas suffisamment au courant des approches et des pratiques actuelles en matière de soins dans les foyers de SLD (Pollard, 2008). Il arrive aussi que les foyers de SLD ne suivent pas les pratiques exemplaires encadrant le rôle de PSSP. Idéalement, le milieu d’apprentissage reflète le milieu de travail et vice versa. Dans les faits, toutefois, ce n’est pas toujours le cas en ce qui concerne les SLD et les établissements postsecondaires.
La plupart des établissements postsecondaires déploient des efforts considérables pour exposer les étudiants PSSP à des milieux de travail au moyen de stages cliniques, mais les possibilités offertes sont limitées et variables. Pour offrir des expériences cliniques efficaces et de grande qualité, il faut que le milieu de stage (que ce soit en SLD, en soins de courte durée ou en soins communautaires) s’engage à offrir du mentorat et un préceptorat guidé, ce qui n’est pas toujours possible. Par conséquent, les élèves ne sont pas exposés à des modèles à suivre expérimentés en matière de pratique dans ces spécialités (Robinson, Abbey, Abbey, Toye et Barnes, 2009).
De nos jours, les foyers de SLD ont du mal à recruter et à maintenir en poste des PSSP compétents et sûrs d’eux pour répondre aux divers besoins en soins de santé des résidents en SLD. Les classes vivantes, où les programmes d’études postsecondaires et les SLD peuvent coexister sur le même site, s’avèrent une solution novatrice à ces problèmes.
Possibilités de nouvelles valeurs et de gains mutuels avec la classe vivante
L’alliance entre un foyer de SLD et un établissement postsecondaire peut permettre de relever certains des défis auxquels chaque organisme est confronté en matière de formation des étudiants, de recrutement et de maintien en poste des PSSP. Notre expérience nous a montré qu’une telle relation est à la fois viable et efficace pour pallier les difficultés touchant la main-d’œuvre en SLD. Nos deux organismes se sont unis pour créer et mettre en œuvre une classe vivante. Depuis 2008, nous avons beaucoup appris sur la façon d’intégrer la formation dans un foyer de SLD.
Tableau 1 : Défis du système auxquels répond la classe vivante
Défis | Apport de la classe vivante |
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Main-d’œuvre en soins de longue durée Il n’y a pas assez de PSSP aptes à l’embauche. Les SLD sont perçus comme un milieu de travail peu attrayant en raison de l’âgisme, de l’exposition limitée, de la faible rémunération, des lacunes de la formation, etc. | La classe vivante permet aux étudiants de s’intégrer à un environnement d’apprentissage expérientiel. Les concepts enseignés en classe sont immédiatement mis en pratique. |
Inscription aux programmes de PSSP Il est impossible d’augmenter le nombre d’inscriptions aux programmes de PSSP pour répondre aux besoins de main-d’œuvre. | La classe vivante est un programme décentralisé et permet un lien direct avec les foyers de SLD pour l’embauche, ce qui peut accroître la capacité d’attirer des étudiants. |
Formation en soins de longue durée Il y a un manque de formation pratique et intégrée de la part des modèles à suivre expérimentés dans les foyers de SLD et un manque de personnel enseignant spécialisé. | Les étudiants travaillent avec les enseignants postsecondaires, les équipes de SLD, les résidents et les familles pour enrichir cet aspect des SLD. La classe permet d’élaborer et de faire connaître de nouvelles approches aux précepteurs en SLD, ce qui permet d’améliorer l’enseignement. La classe vivante est également une source de renseignements concernant les nouvelles pratiques en SLD au bénéfice des programmes de formation sur le campus et représente un environnement propice à l’apprentissage mutuel entre éducateurs et praticiens. |
Malentendus entre les établissements postsecondaires et les soins de longue durée Les enseignants postsecondaires et l’équipe de SLD ne sont pas toujours au courant des rôles, des horaires et des ententes des uns et des autres en raison d’interactions limitées. | Les enseignants postsecondaires et les équipes de SLD sont constamment en contact parce qu’ils évoluent au sein de la même infrastructure. Ils peuvent donc échanger plus facilement des renseignements. Les équipes de SLD peuvent expliquer aux enseignants les pratiques actuelles. |
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